- Retrouvons ici la technique et les gestes de la photographie argentique en grand format.
En photographie argentique, il y a 3 types de formats : le plus courant est le petit format 24X36 mm qui utilise un film 35mm, puis le moyen format de 4,5X6 , 6X6 ou 6X7 cm qui utilisent un film 120 et le grand format qui va de 10X12,5 cm (4X5 inches) à 20X25 cm (8X10 inches).
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Le modèle utilisé est une chambre monorail Arca Swiss 4X5 de1964, équipée d’un objectif Schneider Symmar 5,6/150 mm, qui pour l’anecdote, peut être transformé en 265 mm ouvert à f/12 en dévissant le bloc de lentilles arrière. De fabrication Suisse comme Sinar, l’Arca est d’une construction soignée et reste assez légère pour une chambre de studio. C’est peut-être pour cette raison que Ansel Adams avait choisi ce modèle pour photographier les grands espaces de l’ouest américain de 1964 à 1968.
Il est encore possible de se procurer des surfaces sensibles et des produits chimiques.
Les plans films sont souvent vendus par boites de 25 feuilles. Le choix de sensibilité est assez restreint de 100 à 400 iso.
Le chargement des châssis doubles se fait dans le noir absolu avant la prise de vue.
Ils sont souvent contenus dans un sachet noir repliable et protégés de la lumière par une boite en trois parties.
Des encoches en haut à droite quand on tient verticalement l’émulsion face à soi permettent de se repérer.
Ces encoches sont différentes pour chaque gamme et marque.
Petite astuce : le haut du volet a un coté blanc et un coté noir. L’habitude est de réserver le coté blanc aux plaques vierges. Et après l’exposition de retourner le volet du coté noir pour bien distinguer les plaques vierges ou exposées.
L’installation :
Etudier la lumière de la scène à photographier, choisir une position et définir le cadrage.
La lumière met en valeur le sujet, en noir et blanc un angle important augmentera le contraste de l’image.
La position par rapport au sujet déterminera le volume accordé à la scène.
Le choix du cadrage sera l’interprétation photographique, le parti pris.
Installer le trépied, régler la base du pied au niveau à bulle et fixer la chambre. Ouvrir l’obturateur de la chambre pour laisser passer la lumière et ouvrir l’objectif à sa plus grosse valeur. Positionner la chambre en fonction du sujet et du cadrage choisi après avoir fait une mise au point de la distance rapide. L’image s’affiche à l’envers sur le verre dépoli, le haut est en bas.
Petite astuce pour gagner du temps : Anticiper les mouvements de bascule et décentrement dès la mise en place lors du cadrage, tout en vérifiant les niveaux à bulle sur l’objectif et le dos.
Mise au point :
Avec une chambre monorail, la mise au point de la distance se fait en déplaçant le corps arrière. L’objectif ne bouge pas de la position définie pour la photographie courante. Il restera la possibilité d’allonger le corps avant pour des prises de vues rapprochées. Une loupe est nécessaire pour contrôler la netteté. Le réglage se fait à pleine ouverture. Le dépoli n’étant pas lumineux, un voile noir permettra de s’isoler.
A droite, la molette de mise au point qui fait déplacer le chariot arrière sur le rail. Au centre le dos peut coulisser pour le décentrement . A gauche le levier et le bouton concentrique ont chacun une action immédiate sur la bascule du dos, dans les deux sens, verticalement et horizontalement.
Les lignes rouges expliquent la loi de Scheimpflug :
Les possibilités de mouvement des corps avant et arrière sont importantes.
Le décentrement permet de corriger la perpective et retrouver une image proche de la vision réelle.
La bascule offre la possibilité de contrôler la zone de mise au point.
Positionner le dos parallèlement à la ligne la plus importante du sujet, Décentrer le dos ou l’objectif pour respecter les proportions.
Régler alors les plans nets en basculant l’objectif et le dos en se rappelant la règle de Scheimpflug qui énonce que si les plans du sujet, de l’optique et du film se rejoignent au même point, l’image sera nette.
Mesure de la lumière :
La cellule Weston mesurera la lumière incidente, reçue par le sujet, en prenant bien soin de se placer dans l'axe de l'objectif. Ce moyen est plus précis et demande moins d'interprétation que la mesure de la lumière réfléchie par le sujet. Que le sujet soit clair ou foncé, la valeur sera toujours la même.
Réglage de l'exposition : la mesure prise donnera une valeur ( 13) , pour cette scène. Après avoir reporté cette valeur sur le cadran et affiché la sensibilité (ISO 125 ), le film choisi est un Ilford FP4. Le disque propose tous les choix de couple vitesse et diaphragme. Sur la Weston Master V c'est chargé et peu lisible. Le choix du 1/60 - f/18 sera retenu et réglé sur l'objectif.
Le volet qui protège le plan film dans le châssis est enlevé quand tout est réglé. Une fois exposé il suffira de glisser à nouveau le volet et de retirer le châssis.
La prise de vue s'effectue soit avec un déclencheur souple, soit en poussant en douceur ce levier, après avoir armé l'obturateur avec le petit levier blanc qui est au dessus de l'objectif.
Retour au labo .
Le plan film est chargé dans la cuve dans le noir. Une fois fermée, il suffit de 75 ml de produit de développement. En premier le révélateur ( Kodak D76 1/1 à bain perdu - pendant 9 minutes à 20° ) agité régulièrement. Ensuite après un rapide rinçage, le fixateur est nécessaire pour 3 minutes et un lavage continu pendant 10 minutes. Puis un peu d'agent mouillant pour éviter les traces de calcaire au séchage.
L'image est scannée en basse définition . Cette photo n'a pas vraiment d'intérêt. C'est ça aussi la photo... on ne sort pas des plaques à tous les coups... Je vais avoir du mal à me motiver pour passer 4H minimum au labo noir et blanc pour en faire un tirage correct...J'ai retrouvé le plaisir de la photo argentique et j'espère que les explications vont ont plu...
Les outils :
Déclencheur souple, niveau à bulle, loupe Schneider X4 et la cellule Weston Master V. Ce modèle fonctionnant au sélénium - n'a pas besoin de pile. Son invercône volumineux et particulièrement dessiné lui procure une grande précision en mesure de lumière incidente. A elle seule, l'utilisation de cette cellule vintage nous rappelle des gestes disparus.