Pour photographier l’Ycar Trial, j’ai ressorti du matos photo argentique, passé des heures au labo photo et aussi comparé les images au Leica avec des photos numériques. Retrouvez les photos et le récit de cette aventure !
Avec ses phrases qui donnent envie de faire des photos, Igor Biétry écrit pour l’automobile ancienne et ses talents d’animateur derrière un micro sont spectaculaires ! Tous les deux charentais maritime, pendant des années, nos trajectoires se sont croisées sur papier glacé dans la presse automobile ancienne ou sportive. Et depuis plus de 15 ans pour de vrai au Circuit des Remparts d’ Angoulême !
Alors quand Igor organise un truc aussi déjanté que l’Ycar Trial, la tentation de ressortir le chapeau de photographe aux 400 rallyes WRC est grande !
De nombreux photographes professionnels, amateurs et même smartphoniques ayant répondu à l’appel, et comme je n’étais pas au boulot, ça aurait été exagéré d’utiliser le matos Canon!
Je suis venu avant tout pour me faire plaisir !
Pour être dans l’esprit Ycar Trial, réservé aux véhicules d’avant guerre, j’ai choisi deux appareils argentiques un Foca 3 étoiles datant de 1953 équipé d’un 50 mm et mon fidèle Leica M4 avec ses deux objectifs Summilux 1,4/35 et Summicron 2/90. Chargés de films Ilford FP4 et Kodak T-Max 400 ( que je découvrais, n’ayant pas trouvé de Tri-X !) . La mesure de la lumière était assurée une cellule Weston Master à sélénium équipée de son magnifique invercône. La même que celle utilisée par Ansel Adams ou Hugh Bishop - selon que vos références photographiques sont proches des grands espaces américain ou de l'histoire des rallyes.
J’avais quand même emporté dans le sac Billingham un Fuji X-Pro2 avec un 50 mm. La plupart des images ont étés réalisées au Leica en argentique, quelques unes au Fuji, plus à titre de comparaison et aussi en fin de journée quand les 2 films ont étés terminés. Parce que à 12 € la péloche de 36 vues, il faut déclencher utile ! On est loin des 30 images/seconde de nos bêtes de course !
La démarche photographique est différente. Composer l’image sans réfléchir à la position du capteur AF . Ne pas regarder sans cesse son écran pour contrôler… Le doute s’installe et c’est au labo que le photographe sera rassuré.
Rapidement les habitudes de la photo argentiques sont revenues : Prise de lumière précise, visée télémétrique du Leica, déclenchement immédiat et onctueux. Il faut penser à réarmer l’obturateur après la prise de vue, plusieurs fois je me suis retrouvé à déclencher dans le vide. Le M4 se fait vite oublier, mais il n'y a pas de moteur !
Le Foca n’a pas été aussi agréable : viseur peu précis, entrainement du film capricieux, vibrations au déclenchement entrainant une perte de netteté en dessous du 1/200ème de seconde.
Au retour, le développement a été assuré dans du révélateur D-76 en cuve Patterson à dilution normale, 8 minutes à 20°.
Les films ont tranquillement séché une nuit. Pas besoin d’utiliser des techniques peu respectueuses du négatif pour des questions de rapidité.
En premier lieu les négatifs ont étés numérisés en haute définition selon un processus de qualité « austral » réservé à notre travail.
Sans être aussi pointilleux un bon scanner fera des fichiers intéressants.
La comparaison avec les images numériques similaires devient possible devant l’écran calibré.
Les noirs de l’argentique sont profonds, avec son grain plus fin la T-Max 400 est aussi la bonne surprise par rapport à la Tri-X . La FP4 qui était dans le Foca ne me plait pas autant qu’une Fuji Acros 100. C’est justement ce film que j’avais choisi dans les réglages de personnalisation pour le Fuji. Le profil restant lors de l’importation dans Camera Raw et si on ajoute du grain, un peu plus de profondeur dans les noirs, après quelques légers ajustements dans Photoshop il sera difficile de faire la différence.
Puis les négatifs vont passer sous la lumière de l’agrandisseur D-659 dont les objectifs Componon étaient spécialement ajustés par Schneider pour ce modèle multi-format automatique Durst.
Les premiers tirages sur papier Fomaspeed 111 multigrade me rappellent les heures passées au labo au retour des reportages, pour envoyer au plus vite les images destinées à la presse avant la levée de la poste. Le plaisir de découvrir l’image dans la cuvette dans la chambre noire. La lumière au sodium inactinique permet de voir apparaitre l’image plus foncée qu’elle ne sera réellement.
La première série d’images sur papier RC étant tirée, une photo a été choisie pour réaliser un 30X40 sur du Fomabrom 111. Un papier baryté semi-brillant avec des tons neutres. Plusieurs feuilles ont été nécessaires pour obtenir une image satisfaisante, pas si simple la T-Max 400 sous l’agrandisseur…